Introduction
Dans ce rapport, je vais passer en revue des sujets importants et qui vont, je n’en doute pas, susciter des réactions dans l’audience :
Premièrement, je m’attarderai un peu sur des hommes qui font ou qui ont fait la force de notre fédération, ces acteurs proches. Ensuite, je ferai le point sur nos rapports avec le ministère et l’administration, acteurs lointains, mais qui ont un impact énorme sur nous. En troisième lieu, je vous parlerai des sujets qui nous ont occupés ou préoccupés cette année. Quatrièmement, nous parlerons de la visibilité de la fédération. Cinquièmement, nous préparerons l’avenir par la formation. Et, enfin, quelques perspectives seront tracées.
Les acteurs proches
Un ami nous a quittés !
En septembre 2012, nous avons perdu un ami, un conseiller avisé et une mémoire vivante de notre fédération. Jean Delcourt était tout cela à la fois et bien plus. Depuis mes premiers pas à la pêche, j’ai eu le plaisir de croiser Jean. Sa personnalité attachante, sa passion et sa patience rendaient l’homme inoubliable. Il était un membre important de notre fédération et
plus largement du monde de la pêche en Wallonie. Rendons-lui un dernier hommage et respectons 1 minute de silence.
Les nouvelles ne sont heureusement pas si tragiques pour le prochain :
Un ami a pris sa pension !
Une autre figure emblématique de la gestion de la pêche en province de Liège est André François. Comme Jean, je me souviens d’André aussi loin que ma mémoire puisse porter.
Toujours dévoué, à son poste même le WE pour les visites de l’échelle à poisson de Lixhe ou pour transmettre son savoir aux enfants, il a toujours préféré la communication et la prévention à la répression. En plus de la sympathie qu’il dégageait, qu’il suscitait, André était apprécié et respecté par tout le monde pour la qualité, la précision et l’érudition dont il a toujours fait preuve dans son travail. Nous perdons un grand gardien de la pêche, mais lui souhaitons une retraire longue et heureuse.
Merci, André !
Certaines personnes nous quittent, mais d’autres arrivent également !
C’est le cas de Marc Dehin qui est, avec Joseph Lesoinne, le fer de lance des stages de pêche à Liège. Grâce à lui, nous travaillons avec la ville de Liège et nous avons gagné une
nouvelle section : le Club d’Ans. Ce petit étang, jadis géré par le GBL était resté sans gestionnaire depuis la disparition de cette section, il y a quelques années. La création en 2012 de ce club fut une excellente nouvelle. En effet, ses nombreux membres sont soit d’anciens membres du GBL, soit les enfants ayant participé aux stages. Cette affiliation automatique est une excellente chose, car elle garantit que l’enfant qui vient de suivre le stage reste en contact avec le monde de la pêche, lui dont les parents sont souvent des non-pêcheurs. 150 Franc-Pêcheur sont réservés à cette section. Beau chiffre pour une première année d’existence !?
Ensuite, il y a le cas Jean-Marie Plisnier. Imaginez-vous que j’ai rencontré ce pêcheur lors d’un championnat de Belgique sur le canal Albert à Lanaye. Quelle ne fut pas ma surprise de le revoir 5 ou 6 ans plus tard à notre AG passée. Ayant quitté sa Flandre natale pour des raisons personnelles, cet ancien champion de Belgique au feeder s’est mis en tête de transmettre son expertise et de créer un club en principauté : le Feeder Team Liège. Cette excellente idée part d’une constatation : nous avons des eaux parfaites pour pratiquer le
feeder, mais hormis quelques courageux, nous n’utilisons que trop peu cette technique ! Le FTL est donc là pour promouvoir le feeder et est arrivé à rassembler une trentaine de pêcheurs en quelques mois. Je suis de la partie !
Ensuite, Albert Demonceau s’occupe, lui, de l’étang de la Julienne. Nous en reparlerons plus tard. Enfin, Benoit Ennen, pêcheur polyvalent et curieux, qui travaille actuellement au sein de l’équipe du Pêcheur Belge, pour s’occuper des stages de pêche de l’ADEPS, s’est proposé de nous faire profiter de son expérience en participant à nos stages. Il est de plus appuyé dans sa démarche par Benoit Sottiaux, directeur du Pêcheur Belge.
Les acteurs lointains
Les problèmes de com ?
Des personnalités nous quittent, d’autres arrivent, mais une chose ne change pas : l’inconsistance de la communication et des actions de notre ministère ! J’avais cru pendant un moment que le changement de ministre pouvait apporter un renouveau dans nos relations avec l’administration, mais, en réalité, rien n’a changé. Certains dossiers trainent depuis très longtemps et ce n’est assurément pas à cause des pêcheurs. Les deux premiers dossiers qui nous concernent directement sont l’état du Hemlot et le braconnage. Depuis son dernier dévasement, il y a maintenant environ 30ans, presque plus rien n’a été fait pour la conservation du Hemlot. La dernière lettre au ministère a obtenu une réponse assez rapide à la mi-octobre 2012. On allait s’occuper de nous et une personne avait été mandatée … nous
l’attendons toujours. La question du braconnage a reçu la même réponse et le même résultat. Nos propositions restent lettre morte, personne ne se déplace même si on le demande.
Plus grave encore, le Conseil Supérieur wallon de la Pêche n’a plus été convoqué depuis presque deux ans. Le CSWP n’a légalement pas été reconduit correctement, alors qu’il est
l’organe où les pêcheurs peuvent vraiment donner leur avis sur les nouvelles lois, les décrets et influencer les décisions. Et je parle bien d’avis car, contrairement au Conseil supérieur wallon de la Conservation de la Nature (CSWCN) dont les avis sont contraignants, ceux de notre conseil de la pêche ne sont qu’indicatifs. La démocratie consultative est un mirage dans notre cas si particulier. De plus, il y a peu, à contre-courant des dernières recommandations de scientifiques reconnus et sans même demander un conseil de Xavier Rollin, directeur du Service de la Pêche, le ministère a interdit le déversement de truites AEC triploïdes (femelles stériles) en Wallonie, solution pourtant agréée largement pour soutenir la pêche tout en protégeant les truites fario de souche. Encore une décision incompréhensible.
Et ne vous attendez pas non plus au remplacement d’un André François ou, dans un futur proche, d’un Roger Crahay quand il partira en pension, rien n’a été prévu … jusque, je l’espère, la preuve du contraire. Actuellement, Daniel Gérard, le garde qui contrôle nos eaux et qui le fait fort bien, opère sur un triage énorme. Ce n’est pas cette année que nous aurons des contrôles vraiment plus efficaces.
Enfin, la réforme de la pêche, que les pêcheurs des 26 fédérations piscicoles et halieutiques avaient entièrement balisée dès 2008, avance en sous-marin et les pêcheurs ont été mis de côté très longtemps, alors qu’ils sont les premiers concernés. Rappelons que l’objectif de cette réforme est de rendre nos structures et la gestion de la pêche conformes au décret cadre eau (DCE) européen pour 2015, sous peine d’amende et de perte de budgets, comme certains fonds FEP qui sont utilisés dans le cadre des plans piscicoles et
halieutiques. Ce serait des 100aines de milliers d’euros de perte pour la pêche en Wallonie.
Trésorerie et école de pêche : fédération contre Namur
Tant que nous parlons d’argent, abordons la nouvelle manière de faire à Namur, au Fonds Piscicole de Wallonie, qui est pour le moins contraignante. Quand une fédération fait une dépense, celle-ci peut être prise en compte par un poste budgétaire et être remboursée. On parle de 9500€ pour notre fédération pour assurer la promotion de la pêche (Franc Pêcheur, école de pêche) et l’achat de matériel. Actuellement, un esprit de suspicion est de mise et nous sommes traités avec une rigueur impitoyable à propos des factures rentrées. La souplesse d’antan pour réaffecter un budget sur un autre est révolue. C’était pourtant bien pratique pour nos écoles de pêche, gourmandes en matériel. De même, nous avions des modi operandi avec les communes de Liège et Dalhem pour les inscriptions, dont elles se chargeaient. Nous allons désormais devoir faire ces dernières nous-mêmes.
Encore une fois, être contrôlé me semble évidemment normal, mais être soupçonné d’une éventuelle fraude de manière quasiment systématique, c’est abusif !
Alors, à vous de voir, problème de communication ou désintérêt total d’un ministère pour une matière qu’il est sensé gérer ?
Les gros sujets de l’année
La Julienne est un dossier qui nous aura fait attraper des cheveux blancs et risque d’encore nous en donner quelques uns. Pour faire simple, après avoir trouvé un terrain d’entente avec la commune de Visé pour la convention et le règlement d’ordre intérieur, après avoir trouvé des solutions avec Natura2000 et ses exigences (boues, potamot, bordures, …), alors que tout était sur le point d’être signé, l’entrepreneur dont nous avions choisi le devis (18000€) a fait faillite ! Les offres restantes dépassaient très largement notre maigre budget avec 50 à 55000€. Nous étions censés mettre 8000€ sur la table et Visé complèterait la somme. Cependant, la décision de continuer a néanmoins été prise : nos écoles et nos pêcheurs
pêcheront bientôt à la Julienne, mais les aménagements seront minimes et la profondeur sera limitée à 60-70cm. Afin d’améliorer ce dernier point, il a été également décidé d’utiliser
de la poudre de quartz pour détruire l’épaisseur de vase : les bons résultats dans l’étang de Mangombroux (près de 60cm en 4 ou 5 ans) nous ont poussés à choisir cette solution très peu chère et sans influence néfaste pour le milieu. Espérons que 2013 soit l’année de la concrétisation de ce dossier ! Et qu’on se le dise, Visé nous a autorisé à rebaptiser cet étang, le Jean Delcourt, en la mémoire de notre secrétaire !
Aquadra Berwinne
est également un potentiel risque pour la pêche dont on se serait bien passé. Là encore, pour faire simple, le plan Aquadra vise à la restauration de la rivière, cequi est très positif, mais alors que des échelles à poissons ont été construites il y a à peine 10 ans sur les barrages, qui permettent, eux, de maintenir une bonne hauteur d’eau, une
partie des membres d’Aquadra voudrait araser ces digues, y compris une qui toucherait directement le ru d’Asse. En réalité, ces personnes soutiennent que les échelles sont inopérantes, car bouchées trop régulièrement de crasses. La réalité est bien moins noire et des solutions peu coûteuses pour dévier les détritus existent. De plus, messieurs Philippart et Ovidio, de l’ULg, nous soutiennent dans notre volonté de conserver ses barrages. Et, enfin, Patrice Orban, de l’administration, nous a promis de défendre le barrage du ru d’Asse. Le dossier n’est pas non plus clos et nous devrons rester vigilants !
Ecluse à Lanaye – sauvetage des poissons
L’ancien bras de Meuse comme nous l’avons connu n’est plus. Des terrassements très importants ont été réalisés tant côté Meuse que sur le canal Albert et le sauvetage des poissons et de certains mollusques a été réalisé par des équipes de l’Ulg. De très nombreux poissons blancs, dont moult ablettes, ainsi que des percidés, quelques brochets, des anguilles, mais pas d’aspes, ont été sauvés de la boue. Le sauvetage des mollusques n’a malheureusement pas été aussi concluant…
Alors que nous étions sensés être les bienvenus pour les sauvetages, nous fûmes frappés d’ostracisme. La responsable de ceci semble avoir été Me Chedron, cheffe de travaux, qui
prétextait que les bénévoles n’étaient pas assurés, ce qui, après vérification, était faux depuis le début. Remercions Patricia qui a de nouveau fait preuve d’une grande
vigilance, y compris quand des nids de martinets étaient menacés d’une destruction certaine. Le pêcheur n’aime pas que les poissons, comme vous pouvez le remarquer.
Les travaux ont eu une conséquence inattendue pendant un moment : la baisse du braconnage ! Tout n’est pas négatif.
Les rempoissonnements
Comme chaque année, une partie du budget de la fédération passe en poissons.
Dans la Berwinne, au bénéfice des Sections de Berneau et de Dahlem :
- 270kg de truites
Dans la Meuse et le canal Albert :
- 544kg de gardons 17/25 cm
- 141 brochetons de 30/40cm
- 613kg de carpes de 100 à 800g
- 200kg de tanches 15/30cm et 160 kg de 22/32cm
- 22kg de perches 16/25
- 191kg d’ides 15/25cm
Soignons notre communication
Le salon Fishart
Les 17 et 18 novembre passés se tenait la première édition du salon Fish Art au hall omnisport d’Angleur. Une équipe dynamique, dont le fer de lance était le club Carnaliège, avait pour tâche d’organiser en un temps record ce salon de pêche. La mission fut réussie et, s’il n’était pas énorme, ce salon a fait l’unanimité chez les pêcheurs présents. Il y en avait pour tous les goûts : les pêches des carnassiers, la mouche, le coup, le feeder et la mer. Notre fédération avait un stand commun avec le tout nouveau club Feeder Team Liège
(FTL) et CBR mer-Meuse. Nous nous étions également débrouillés pour que le simulateur de pêche de la Maison Wallonne de la Pêche soit présent. Ce dernier eut un succès
très important chez les pêcheurs de tous âges. Jean-Marie Plisnier (FTL) fut sollicité de toutes parts et même interviewé par un journaliste de la RTBF. Quant à la fédé, elle
exposait divers objets tout en passant des films. Nous avons fait quelques membres et eu d’excellentes discussions. Les «Franc-Pêcheur» se sont bien distribués. Pour l’an prochain, nous demanderons à nous investir plus dans l’organisation.
La fédération a un blog !
Je remarque que dans la vie, si on n’est pas vu, on n’existe pas. Et la pêche a ce gros défaut : elle est dans la plupart des cas pratiquée par des gens discrets ou auxquels le public ne prête pas attention. Ceci est d’autant plus malheureux qu’en fait, notre passion et nous méritons définitivement d’être connus. Nous nous battons depuis plus de 50 ans, nous défendons le milieu aquatique, mais nous avons toujours, au pire, mauvaise presse auprès du citadin et, au mieux, on nous prend pour de doux rêveurs. Nous devons soigner notre communication !
PS : depuis son ouverture début décembre, le blog a déjà reçu plus de 3400 visites (Ajout du 13 avril : nous sommes en ce jour à un peu plus de 5500).
L’avenir passe aussi par la formation
Dans ce chapitre, nous passerons en revue les différents niveaux de formation : les petits enfants, les formateurs à former et les pêcheurs chevronnés, voire fédérés.
Formation de formateurs
A notre demande, une formation en formateurs de pêche a été organisée à Liège par la MPW, en ce début d’année. Si la qualité des cours était élevée, cette formation est restée très théorique et pas mal de participants parmi les employés de la ville de Liège et non pêcheurs n’étaient pas plus pêcheurs après. Pour pallier ce manque, Jean-Jacques Léonard et Joseph Lesoinne ont organisé des séances pratiques bien utiles, à l’étang d’Ans. Ces nouveaux formateurs ont pu mettre en pratique leurs connaissances fraîchement acquises lors des stages suivants.
Ecoles de pêche – Etang d’Ans
Cette année, Dalhem n’a pas organisé de stages de pêche. Du côté de Liège, par contre, les stages ont fonctionné à merveille :
- 17 enfants au stage de Pâques
- 18, 16 et 20 aux stages d’août
L’étang d’Ans a également été rempoissonné avec des gardons, … ce qui permet aux enfants d’avoir des prises plus variées que l’année précédente. Enfin, Marc Dehin affilie à la
section d’Ans tous les enfants présents aux stages et ils reçoivent définitivement 1 ligne et 1 canne.
Formation FSPFB - Séminaire de formation à la Gestion durable et au Développement des structures associatives piscicoles et halieutiques
Ce projet cofinancé par la Wallonie et le Fonds Européen pour le Pêche (FEP) vise à sensibiliser à la gestion durable de l’activité «pêche» et à encourager le développement des
structures associatives piscicoles et halieutiques. Il s’adresse à tout pêcheur désireux de mieux s’y connaître en cette matière ou à un responsable d’une fédération. Je me suis proposé pour suivre ces cours, qui sont donnés dans les bâtiments de la MPW. Nous avions quelques doutes sur la finalité de cette formation et regrettions d’avoir été prévenus de ceci en lisant le Pêcheur Belge. Néanmoins, la qualité est au rendez-vous : les intervenants sont des références en la matière (Philippart, Ovidio, Rollin, des sociétés de communication, …) et j’ai dû m’investir sérieusement pour réussir le partiel de ce mois de février, portant sur les 3 premiers modules : la biologie des poissons, la dynamique des populations piscicoles et la gestion d’une ASBL. Soit 12 bons centimètres d’épaisseur de papier dactylographié.
Objectivement, cette formation est particulièrement pointue et a bien amélioré mes connaissances. Je me sens meilleur, plus conscient de toute une série de problématiques (génétique, rempoissonnements, …).
Perspectives
Les jeunes ont besoins de techniques faciles à mettre en oeuvre Je me souviens que déjà à mon époque, je pêche depuis 32 ans, je renâclais à préparer un coup. Si c’était efficace, cela prenait du temps et il y avait toujours bien un envieux pour profiter de mon travail. Frustrant ! Je me suis donc mis à rechercher des techniques qui ne nécessitaient pas tant de préparation. Je me suis mis à pêcher plus loin et à l’anglaise.
Actuellement, le monde est, je le déplore, passé à la vitesse encore supérieure : il faut qu’avec peu de matériel, un pêcheur puisse être pêchant ! Je ne vois que deux techniques qui ne demande qu’une préparation réduite, le streetfishing et, dans une moindre mesure, le feeder.
Les contacts liés avec Carnaliège et la présence d’un club feeder dans notre fédération me donnent des idées folles, comme envisager qu’un jour, nous ayons 20 jeunes dans cette
salle. Rassurez-vous, je sais que nous sommes restés jeunes dans notre tête, mais j’aimerais également voir ici des gens jeunes dans leur corps.
Pour apprendre, mieux vaut commencer par une pêche facile Et qui dit facile, dit étang. Pas tous, bien-entendu, mais la Julienne (que dis-je, l’étang Jean Delcourt !), Ans et dans un futur très proche la gravière Brock apporteraient un terrain de jeu parfait pour se faire la main. Nous avons des eaux à haut potentiel et les pêcheurs d’expérience pour guider nos jeunes.
Saisissons l’occasion !!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire